En parallèle aux ateliers collectifs de traduction, les étudiants assisteront à 20 heures « d’ateliers tutorés », assurés par des traducteurs professionnels expérimentés. Pour cette année universitaire 2008-2009, il y aura trois tuteurs (Christilla Vasserot, Maître de Conférences à l’Université de Paris III – Sorbonne Nouvelle, Jean-Marie Saint-Lu, Maître de Conférences à l’Université de Toulouse II – Le Mirail, et Caroline Lepage, Maître de Conférences à l’Université de Bordeaux 3 – Michel de Montaigne). Chaque tuteur prend en charge deux ou trois apprentis. Il s'agit d'un véritable rapport de compagnonnage : le tuteur donne à connaître et à comprendre son métier dans ses grandes lignes (les méthodes suivies aux différentes étapes de la traduction, les outils utilisés, les relations avec les éditeurs et les auteurs, etc.) mais également dans ce qu'il peut avoir de plus personnel… en fonction de l'expérience de chacun. Pour ce faire, chaque tuteur travaillera sur l’une de ses traductions en cours. Les rencontres étant régulières tout au long de l’année, le futur traducteur aura le loisir de voir l’ensemble du processus de traduction… Par ailleurs, le tuteur donne aux étudiants des conseils pour la traduction longue qu’ils doivent à rendre en fin d'année et, le cas échéant, il participe à son évaluation.

Caroline Lepage

a traduit Leonardo Padura Fuentes, Paco Ignacio Taibo II, Cristina Peri Rossi, Andrés Trapiello, Juan Aparicio Belmonte, Daína Chaviano, Alejandro Jodorowsky, Clara Sánchez, Josefina Aldecoa, J. L. Alonso de Santos…

Jean-Marie Saint-Lu

a traduit Carlos Liscano, Alfredo Bryce-Echenique, Juan Marsé, Jesús Díaz, Javier Marias, Antonio Munoz Molina, Elsa Osorio, Eduardo Berti, Fernando Vallejo, Jordi Soler, Vilma Fuentes…

Christilla Vasserot

a traduit José Manuel Prieto, Sergi Belbel, Homero Aridjis, Angélica Liddell, Martin Solares, Frida Kahlo, Luis Enrique Gutiérrez Ortíz Monasterio…

Comment êtes-vous venue à la traduction ?


Par hasard, comme pour tous les coups de foudre. Rétrospectivement, j’aime bien embellir les choses… les traduire, d’une certaine façon. Le traducteur n’aurait-il pas le droit d’être sentimental et de mauvaise foi, comme tant de « ses » auteurs ?

Tout a commencé l’année où je passais l’agrégation d’espagnol, en… il y a quelque temps. Nous avions au programme la pièce de théâtre Bajarse al moro (1985) de José Luis Alonso de Santos. Le texte, très oral et argotique, n’était pas facile, croyez-moi, surtout dans le cadre de l’épreuve de linguistique. Pour se faciliter le travail d’analyse et y voir plus clair en général, nous avons décidé, François Bonfils – mon binôme de l’époque – et moi, de le traduire en entier. Nous nous sommes donc partagé la pièce et chacun a ensuite relu la partie de l’autre, pour un passage individuel et commun d’harmonisation ayant souvent donné lieu à d’âpres discussions. Je ne sais pas pourquoi, mais le plus difficile a été de convaincre mon collègue traducteur de renoncer à la double négation. Il ne voyait aucun mal à traduire des grossièretés très grossières… alors que ce qui m’apparaissait à moi comme un anodin et légitime renoncement grammatical lui coûtait affreusement. Je précise que je n’ai pas toujours obtenu gain de cause. Bref… reçus tous les deux au concours, nous avons gardé une grande affection pour ce texte très particulier et nous avons décidé d’essayer de le publier ; dès lors qu’il restait au programme l’année suivante, il nous a semblé que d’autres que nous pourraient apprécier de disposer d’une traduction. Après bien des péripéties sur lesquelles je ne m’étends pas, nous avons obtenu des Presses Universitaires de Paris 3 – Sorbonne Nouvelle d’être publiés. La pièce a ensuite été représentée par la troupe de l’atelier de théâtre de Paris IV – Sorbonne. Une expérience forte que d’entendre des comédiens dire « vos » mots, ceux que vous avez pesés, caressés, choyés. Et ensuite ? Ensuite, encore du hasard, un peu de chance et beaucoup d’amour et d’abjection… Eh bien oui, puisqu’il s’agissait de Pasado perfecto de Leonardo Padura, publié aux éditions Métailié, sous le titre Passé parfait.


Votre première traduction : qu’en pensez-vous aujourd’hui ?


Pour des raisons évidentes, je considère Pasado perfecto comme étant autant ma première traduction que Bajarse al moro… Je vais être franche : je préfère ne pas me demander ce que j’en pense. Raison pour laquelle je ne les ai relus ni l’un ni l’autre.


Comment voyez-vous aujourd’hui la profession de traducteur ?


Tout le monde vous dira qu’il est difficile de se faire une place dans un secteur très étroit… et c’est vrai. Néanmoins, je pense que des formations comme la nôtre vont permettre de donner un véritable statut à ce métier et donc d’ouvrir de nouvelles portes pour de nouveaux traducteurs. Il est temps que les traducteurs littéraires – quelles que soient leur qualités – ne viennent plus à la traduction simplement parce qu’ils parlent la langue et qu’ils exploitent cette capacité, mais parce qu’ils ont choisi de le faire et ont été formés à cette fin. À nous de prouver nos compétences et de mener cette sorte de croisade : faire connaître toujours plus d’auteurs de langue espagnole en France. À l’heure où tout passe par les grands réseaux mondiaux de la diffusion culturelle, le traducteur a un véritable rôle à jouer pour éviter que nos horizons se rétrécissent chaque jour un peu plus.


Quels sont les critères d’embauche pour le master 2 ?


« D’embauche » : aïe ! Ça fait un peu employeur et employé… Je préfère l’idée de m’adresser à des partenaires. Mais enfin… Pour répondre à votre question, je dirai que lors de l’évaluation du test d’admission, je m’intéresse bien entendu à la justesse de traduction du lexique, à la correction syntaxique, (bref à tout ce qui fait la préoccupation majeure d’un correcteur de version), ainsi qu’à cette espèce de petite étincelle qui trahit une appréhension intuitive, voire sensuelle du texte. Il est important à la fois de bien « embrasser » le texte de départ et d’avoir les moyens solides et adéquats de le transmettre dans le texte d’arrivée.


Votre meilleur souvenir de traductrice ? Et le moins agréable ?


Mon meilleur souvenir : Outre les différentes occasions où j’ai eu la joie de trouver enfin la bonne solution pour un problème qui m’avait harcelée pendant des semaines, je retiendrai une discussion que j’ai eue récemment avec Daína Chaviano, l’auteure de La isla de los amores infinitos, publié en France aux éditions Buchet-Chastel, intitulé par l’éditeur L’île des amours éternelles. Alors que nous n’avions jusque-là eu que de brefs échanges « techniques » par mails, nous avons parlé près d’une heure de son roman avec une telle complicité, une telle proximité, que nous nous sommes senties incroyablement proches, de véritables amies d’enfance !

Mon souvenir le moins agréable : quand, pour ce même roman, j’ai reçu le volume chez moi et qu’après avoir déballé mon paquet, j’ai pris le livre dans mes mains, je l’ai retourné et j’ai lu « Traduction de l’espagnol, Corinne Lepage ». Ça n’a rien à voir avec du narcissisme… L’erreur sur mon prénom m’a simplement dépossédée du texte ; le lien que j’avais tissé avec lui était nié, piétiné.


Pensez-vous que votre nom sur un livre, en tant que traductrice, c’est un moyen de passer à la postérité ?


Bah… la « postérité », voilà un bien grand mot, pour le petit artisan que je revendique et que je suis fière d’être. Mon nom sur la couverture, c’est la reconnaissance de ce que j’ai apporté à ce texte, et ce n’est qu’à moi que cela fait plaisir. Les lecteurs s’y intéressent rarement. J’en reviens toujours à la conception de la traductrice comme mère : ce qui m’importe et là où je me trouve véritablement, plus que sur la couverture, c’est dans le texte à qui j’ai appris à respirer, à parler, à marcher, à manger, à rire, à pleurer en français.


Qu’est-ce, pour vous, que la postérité ?


Pas grand-chose, vous l’aurez compris…


Quelle image ou quelle leçon aimeriez-vous que vos apprentis gardent de vous ?


Une image : la salle H 118 pleine de monde, de dictionnaires, de gâteaux… et de nos éclats de rire. Car vous aurez remarqué que nous rions beaucoup. Caractéristique du traducteur ?

Quelle leçon ? Amusez-vous !


Quelle est la place de la littérature dans votre vie ?


Elle occupe une place essentielle… mais je suis une amoureuse exigeante. Ayant calculé un jour (j’adore le calcul) qu’un lecteur assez constant et solide ne pouvait parcourir plus de 10 000 ou 11 000 livres dans sa vie, j’ai décidé de ne lire que ce qui sait me plaire. Quand un livre ne m’a pas convaincue, captivée, émue, transportée au bout de 50 pages, je l’abandonne sans aucun regret ni état d’âme. Au suivant ! Parfois, il m’arrive aussi d’être lasse… Comme tout le monde, sans doute. Mais j’ai une botte secrète : je relis pour la énième fois un Maigret, de Simenon. Cela me réconcilie immédiatement avec la chose écrite. Non pas que l’écriture soit extraordinaire, ni les personnages particulièrement attachants (en matière de héros, on fait mieux qu’un vieux commissaire ronchon, réac et misogyne) ou les enquêtes palpitantes… Non, je ne sais pas, il y a un petit quelque chose qui me donne l’impression d’être chez moi. C’est le sens du détail qui m’enchante, l’art de remarquer et de mentionner un simple objet posé sur une table ou par terre dans un taxi. Ça me paraît toujours miraculeux de la part de l'auteur d'y avoir pensé et de le transmettre avec autant d’exactitude, pour construire un ensemble parfaitement composé.


Qu’est-ce pour vous, que cet entretien ?


La preuve qu’il n’y a plus des étudiants et un enseignant, mais des apprentis traducteurs et une traductrice partageant une même passion.

« Le général Eisenhower est arrivé à Paris »…


C’est ainsi que l’entourage de Jean-Marie Saint-Lu se rendit compte qu’il savait lire quand les autres enfants ne déchiffrent pas encore leurs lettres… lecteur précoce, impénitent, fidèle et assidu qui se retrouve dans le traducteur insatiable qu’il est devenu. 

  1. Car Jean-Marie Saint-Lu en vingt-sept ans a fait une centaine de traductions ! Généralement, ce sont les éditeurs qui les lui proposent, attirés par ses qualités de « bon artisan », comme il se plaît à le reconnaître ; les éditeurs ? il a toujours eu d’excellents rapports avec eux tout comme avec les correcteurs qu’il considère comme des « personnages essentiels » dans la chaîne de fabrication du livre, car entre eux tous, lecteurs avant toute chose, le terrain d’entente est vite trouvé. Quant aux auteurs, à deux exceptions près que nous ne dévoilerons pas, une promesse est une promesse, il a développé avec eux des rapports très souvent fraternels : Jean-Marie Saint-Lu considère en effet que le traducteur doit former un couple avec l’auteur dont il est à l’évidence le meilleur lecteur ; il accepte d’ailleurs bien volontiers la troisième place dans cette relation auteur-livre-traducteur, sait s’effacer devant le père —« il ne faut pas qu’on reconnaisse le traducteur », dit-il—, jouit du bonheur d’être parrain de l’enfant-roi, le livre et du privilège d’entrer dans l’univers si particulier de l’auteur car bien sûr, « un vrai écrivain a son univers ».

  2. Saint-Lu le dit, il est « un écrivain frustré », pas assez tenaillé par l’écriture, mais un traducteur comblé ; pour lui, la notion de plaisir est inséparable d’une traduction réussie et de l’acte même de traduire ; aussi n’hésite-t-il pas à refuser de traduire du théâtre ou de la poésie : traumatisé par la traduction si triviale, du premier vers du Canto general de Neruda : « Antes de la peluca y la casaca… » qui lui est tombée un jour entre les mains (des mains), il a préféré laisser à jamais à la langue espagnole « langue à accent, si musicale » le soin de rendre la beauté de la pensée de Neruda et autres poètes. Restent les essais et celui qu’il a porté pendant sept années avec un de ses collègues,  L’histoire des Indes  de Las Casas l’a comblé ; restent les romans et particulièrement ceux de Juan Marsé —il va s’attaquer au prochain, publié à l’automne.

  3. Et ceux qu’il aurait aimé écrire ? Le Quichotte, dit-il spontanément, mais pourquoi faire ? « La traduction d’Aline Schulman est excellente en soi, celle de Viardot tient parfaitement la route », inutile de refaire ce qui a déjà été –bien-fait ; « cien años de soledad » ou « l’île aux trésors », il les aurait bien traduits aussi et l’églogue, la 3ème églogue de Garsilaso, on lui devine une tendresse particulière pour cette œuvre « en tanto que de rosa y de azucena… ».

  4. Aurait-il pu traduire une autre langue ? le portugais, oui, il s’y est déjà essayé mais « j’aurais aimé traduire aussi des ouvrages en anglais ou en italien », cela ne lui semble pas insurmontable, avec de bons outils et une connaissance solide de la langue française.

  5. Alors avec les yeux du traducteur chevronné que vous êtes, comment voyez-vous la profession aujourd’hui ? « le métier de traducteur est très difficile, le monde de l’édition, à la fois industriel et artisanal, est fermé mais quand on s’y fait apprécier, quel confort ! le secteur n’est pas encore saturé, on traduit beaucoup plus qu’autrefois et au dernier salon du livre, il s’est vendu dit-on 20% de plus de livres que l’an dernier , difficile sans doute de vivre de ses seules traductions mais quand on aime, on ne compte pas » ; les éditeurs, oui, et nous sommes amusées d’apprendre, mes deux collègues et moi, que dans les revues, on est payé… au cm !

  6. Jean-Marie Saint-Lu nous confirme qu’il ne lit plus comme avant, quand il lit, il traduit et le plaisir de la lecture en est altéré, sans compter qu’il déjoue tous les artifices, les échafaudages du texte ; néanmoins, il est visiblement un traducteur heureux, passionné, « qui a des mois de travail devant lui ».

  7. A la fin de cette interview, je me recroqueville pour ma part sur ma chaise, mon 2ème jet de traduction longue me paraît soudain très insipide, nous parlons donc formation : notre tuteur pense qu’il  faudrait multiplier les accords de partenariat entre le secteur de l’édition et l’université, il nous conseille au passage les stages organisés aux collèges de traduction de Bruxelles ou d’Arles, car « il faut occuper le terrain, sentir ce qui se fait et apprendre à se faire connaître ». Message reçu. Il y a plus d’une heure que nous échangeons et nous n’avons pas vu le temps passer, au cours de cette interview collective qui a été une leçon aussi magistrale que conviviale.

Comment êtes-vous venue à la traduction ?


Presque par hasard. J'aimais (j'aime toujours) le théâtre, j'allais (je vais toujours) au théâtre et je faisais, à l'époque, un doctorat sur le théâtre cubain. Dans le hall d'un théâtre, j'ai rencontré un traducteur à qui j'ai parlé de mon travail. Il m'a proposé d'assister à une réunion de la Maison Antoine Vitez (le Centre International de la Traduction Théâtrale), pour préparer la publication d'un cahier sur le théâtre cubain. C'est donc par le biais de mon activité universitaire que j'ai été mise en contact avec le monde de la traduction. Ce traducteur s'appelait Jean-Jacques Préau.

Ensuite un collègue de l'université de Valence, en Espagne, m'a donné à lire des pièces de Rodrigo García. J'ai aimé, j'ai cassé les pieds à tout le monde avec cet auteur. Puis un festival de théâtre (les Naissances, à Nîmes) a programmé une des ses pièces. Il fallait la traduire. On m'a fait confiance. Par la suite j'ai continué à traduire... et c'est en traduisant qu'on devient traducteur.


Votre première traduction : de quoi s’agissait-il ? Et qu’en pensez-vous aujourd’hui ?


C'était justement cette pièce de Rodrigo García: Vous êtes tous des fils de pute. Je n'ai pas relu ma traduction depuis. De toutes façons, je suis sûre que je ne traduirais pas aujourd'hui comme j'ai traduit il y a dix ans. Non pas que j'aie fait des progrès (j'espère tout de même en avoir fait!), mais parce que je modifie toujours, jusqu'au dernier moment, si on m'en donne l'occasion.


Vous traduisez davantage de théâtre que de fiction. Voyez-vous d’importantes différences entre les deux, en tant que traductrice ?


Pas vraiment, dans le fond. Il faut bien sûr connaître le théâtre pour pouvoir le traduire. Mais finalement, on traduit différemment chaque auteur. Chaque texte porte en lui sa traduction. Il n'y a pas de "recettes" que l'on pourrait appliquer à tous les auteurs à l'intérieur d'un même genre.


Votre meilleur souvenir de traductrice ? Et le moins agréable ?


Le meilleur: il y en a plusieurs. Ce sont des rencontres, notamment avec les auteurs.

Le moins agréable: aucune envie de le raconter.


Quels types de rapports entretenez-vous avec les éditeurs pour lesquels vous travaillez ?


Je travaille avec peu d'éditeurs et la traduction n'est pas mon activité principale, je n'en dépends pas financièrement. J'ai donc la chance de ne travailler qu'avec des éditeurs avec lesquels j'entretiens de bons rapports. Le lien nécessaire: la confiance.


Quels types de rapports entretenez-vous, éventuellement, avec les auteurs sur lesquels vous travaillez ?


Là encore, le lien nécessaire: la confiance. Le reste est anecdotique.


Pensez-vous que votre nom sur un livre, en tant que traductrice, c’est un moyen de passer à la postérité ?


À la quoi?


Comment voyez-vous aujourd’hui la profession de traducteur ?


Longtemps, on n'a pas prêté assez attention aux traducteurs. On cherchait tel ou tel texte dans la langue qui nous intéressait. Aujourd'hui, le rôle clé du traducteur est mieux reconnu.

Traduire est devenu un vrai métier. Le luxe, c'est de choisir ce que l'on traduit. Ne pas traduire par obligation. C'est mon cas, car je suis avant tout universitaire, je traduis par plaisir. Traduire à plein temps, c'est une autre paire de manches.


Quelle est la place de la littérature dans votre vie ?


J'aime lire. Je ne peux me contenter du réel. J'ai besoin de temps pour lire. J'en manque.


Quelle expérience est pour vous la participation à notre Master 2 Pro de traduction littéraire ? Quelle image ou quelle leçon aimeriez-vous que vos apprentis gardent de vous ?


On m'a demandé de montrer comment je travaille, comment je traduis. J'espère avoir un peu transmis mon plaisir. Cet atelier a été, je crois, avant tout un espace d'échange, au sein duquel je me suis peu sentie "professeur". J'ai simplement partagé mon expérience, en la théorisant parfois, sans chercher à en faire une règle. Je ne veux pas transmettre une image de moi en particulier, mais j'imagine qu'on aura retenu de moi que je n'ai pas de recettes, pas de solutions, pas de règles, pas de certitudes mais des tas de doutes. Je les assume car ce sont eux qui me font avancer. J'ai trouvé, en face de moi, des gens qui doutaient eux aussi. Donc, à mon avis, des traducteurs sur la bonne voie.